L’hyperhidrose est une pathologie fréquente qui touche de 1 à 3% de la population. Elle est définie par la production d’une quantité de sueur trop importante par rapport aux besoins normaux du corps pour maintenir une température aux alentours de 37 degrés. Cette hyperhidrose peut être généralisée de la tête aux pieds, mais elle est le plus souvent localisée à une ou deux zones du corps: aisselles, mains, pieds, visage, cuir chevelu, fesses…
Quel traitement peut-on proposer à un patient qui souffre d’hyperhidrose ?
En cas d’hyperhidrose secondaire, la prise en charge passe par le traitement de la cause sous-jacente, alors que pour l’hyperhidrose primaire, elle dépend de sa localisation, de la sévérité et du retentissement psychologique. Nous vous donnons dans cet article quelques informations pour bien choisir votre traitement contre l’hyperhidrose.
Traitement contre l’hyperhidrose du visage et du cuir chevelu
Pour traiter l’hyperhidrose du visage et du cuir chevelu, un traitement par topique est prescrit en première intention. Il est souvent suffisant si l’hyperhidrose est peu importante.
Les lingettes imprégnées de glycopyrrolate à 2% sont très efficaces mais difficilement trouvables en France.
En deuxième intention, le botox est utilisé. Il est très efficace au niveau du cuir chevelu et du front mais le traitement est impossible sur la partie basse du visage en raison des effets secondaires musculaires. L’efficacité apparaît après 4 à 5 jours et dure en moyenne six mois. Le cuir chevelu est sec. Les injections sont très superficielles et très peu douloureuses, le traitement ne prend que quelques minutes à être réalisé.
Traitement contre l’hyperhidrose des mains
Pour traiter l’hyperhidrose des mains, les topiques ont toujours une efficacité insuffisante. Le traitement de première intention est donc l’utilisation d’un appareil d’ionophorèse.
L’ionophorèse utilise un appareil qui délivre un courant électrique au travers de la peau. L’appareil est composé de deux petits bacs reliés à un petit générateur électrique qui délivre un courant très faible de 15 à 20 milliampères. Les mains ou les pieds baignent dans les bacs permettant ainsi au faible courant de passer au travers de la peau.
Les séances durent 20 minutes et doivent être répétées trois à quatre fois par semaine pendant 15 jours. L’efficacité maximum est obtenue en moyenne après une dizaine de séances. Le traitement d’entretien consiste à effectuer en moyenne une à deux séances par semaine. Les séances ne sont pas douloureuses. L’impression ressentie est un picotement superficiel. L’amélioration moyenne est de 70 à 80 %.
Pour maintenir le résultat, les séances doivent être faites régulièrement. Le mieux est l’achat d’un appareil conseillé par le dermatologue qui permettra de faire les séances à domicile en fonction de l’emploi du temps.
Les contre-indications à ce traitement sont la grossesse, les patients porteurs de pacemaker, ou de gros implants métalliques. Les effets secondaires rapportés sont rares : sécheresse cutanée, rougeurs, et de façon exceptionnelle des petites vésicules nécessitant l’espacement des séances. L’efficacité de ce traitement contre l’hyperhidrose des mains peut être augmentée par l’application d’anti transpirant.
En cas d’hyperhidrose très importante ou si ce traitement est insuffisant, des injections de botox peuvent être envisagées. Environ 50 à 70 injections très superficielles sont pratiquées sur les mains et les doigts séparées de 1,5 à 2 cm. Pour rendre la séance moins douloureuse, on utilise un anesthésique de contact à appliquer sous occlusion deux heures avant le traitement. L’amélioration moyenne est de 80 % et la durée d’efficacité d’environ 10 mois. Les effets secondaires rapportés sont rares (faiblesse musculaire) et toujours transitoires.
Dans les situations extrêmes avec ruissellement permanent des mains, le patient peut être confié au chirurgien qui réalisera une sympathectomie, mais il faut savoir qu’il existe un risque d’hyperhidrose à distance dans 10 à 40 % des cas.
Traitement contre l’hyperhidrose généralisée
En cas d’hyperhidrose généralisée, le médecin se doit de rechercher une cause générale :
– Prise de certains médicaments : antidépresseurs, anti psychotiques, anxiolytiques, antiémétiques, antinéoplasiques, etc.
– Problème hormonal : diabète, thyroïde, ménopause, grossesse…
– Maladie neurologique, maladie de Parkinson…
Si l’hyperhidrose est secondaire, la prise en charge de celle-ci est évidemment celle de la cause sous-jacente.
Si l’hyperhidrose ne dépend pas d’une cause particulière, on parle alors d’hyperhidrose primaire. Dans la plupart des cas, elle est augmentée par le stress, les émotions et la concentration et elle diminue la nuit. Le diagnostic est clinique, il n’existe pas de test quantitatif de l’hyperhidrose.
L’hyperhidrose a un impact important sur la qualité de vie qu’il convient de quantifier. Le retentissement de l’hyperhidrose peut être évalué grâce à l’index dermatologique de qualité de vie (DLQI) . Il s’agit d’un questionnaire simple et pratique dont le but est d’évaluer l’impact d’une maladie de peau et de son traitement sur la qualité de vie des personnes atteintes. Il est adapté pour l’hyperhidrose :
Score 1 : Ma transpiration n’est jamais décelable et ne me gêne jamais dans les activités quotidiennes.
Score 2 : Ma transpiration est tolérable, mais interfère parfois dans mes activités quotidiennes.
Score 3: Ma transpiration est à peine tolérable et me gêne souvent dans les activités quotidiennes.
Score 4 : Ma transpiration est intolérable et me gêne toujours dans mes activités quotidiennes.
En fonction du score, un traitement adapté peut être proposé. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement efficace dénué d’effets secondaires qui diminue de façon importante l’hyperhidrose généralisée. Néanmoins, il est possible de discuter de l’opportunité d’un traitement par anticholinergiques.
L’oxybutynine est un antispasmodique indiqué dans la prise en charge de l’instabilité vésicale car elle diminue la contractilité de la vessie. Dans cette indication, elle est prescrite à la dose de 10 à 15 mg par jour. Les patients traités pour cette indication et souffrant d’hyperhidrose ont signalé une amélioration de leur sudation. Plusieurs études ont démontré l’efficacité de ce traitement dans l’hyperhidrose. On débute à la dose de 2,5 mg par jour. Puis, la posologie peut-être augmentée progressivement sans dépasser 7,5 mg par jour. Les patients sont dans l’ensemble tous très améliorés. L’effet secondaire le plus fréquent est la sécheresse buccale. Il est important de respecter les contre-indications de ce traitement. Ce traitement reste malgré tout réservé aux patients ayant un score élevé sur l’échelle DLQI.
Les traitements comme la teinture de belladone, l’atropine et le glycoppyrolate par voie générale ont été abandonnés en raison de leurs effets secondaires aux doses requises : sécheresse de la bouche, aggravation d’un glaucome, constipation, rétention urinaire.
Il ne faut pas sous-estimer le handicap des patients qui souffrent d’hyperhidrose. Celle-ci conduit à des situations complexantes, à des attitudes d’évitement, et pire pour certains à un éventuel repli sur soi. On ne peut que conseiller aux patients de consulter un spécialiste de la transpiration afin de passer en revue les différents traitements contre l’hyperhidrose et de choisir le plus adapté. A chaque situation correspond un traitement choisi en fonction de l’importance de la gêne et de la localisation.
Voici d’autres articles pour connaître plus de détails sur les différents traitements contre l’hyperhidrose :
– Hyperhidrose : quels sont les différents traitements ?
– Traitement miraDry : toutes les réponses à vos questions