Difficile, l’été, de dissimuler les auréoles sous une couche de vêtements. Il existe heureusement des traitements efficaces.
Article paru dans le magazine Femmes d’Aujourd’hui – Belgique le 20 juillet 2023. Texte d’Ariane Langlois et coordination de Julie Brau.
Transpirer est une des fonctions vitales du corps ; elle permet en effet de maintenir la température de celui-ci à 37°C. Lorsque nous transpirons, la sueur, sécrétée par les glandes sudoripares et constituée à 99% d’eau, s’évapore par les pores de la peau. Climatiseur naturel de l’organisme, elle évacue la chaleur et permet d’éliminer certaines toxines.
L’hyperhidrose
Transpirer est donc d’un phénomène naturel. Cependant, 3% de la population souffrent d’hyperhidrose : une quantité de sueur émise trop importante. Elle peut avoir une cause sous-jacente : obésité, diabète, hyperthyroïdie… « La transpiration occasionne de l’inconfort, de la honte parfois, des difficultés dans les relations sociales, et altère la qualité de vie, note la Dr Laurence Netter, dermatologue. En parler à un spécialiste est donc essentiel: ce n’est pas un sujet tabou! ». Dans la majorité des cas l’hyperhidrose est en effet « primaire » et peut être traitée. Elle nous a donné 6 conseils pour diminuer notre sueur et 3 traitements si cela ne suffit pas.
1. MODIFIEZ VOTRE ALIMENTATION
Ail, oignon, épices (notamment le curry) et excitants (alcool, thé, café, piments…) augmentent la température corporelle, et donc la sudation : évitez-les. En revanche, pensez à bien vous hydrater.
2. PRIVILÉGIEZ LES FIBRES NATURELLES
Évitez les fibres synthétiques (nylon, poly-ester…) et ne portez que des matières naturelles: coton, laine, lin ou soie, qui limitent les mauvaises odeurs. « Pour le sport, investissez dans des vêtements adaptés, en fibre technique, qui évacuent plus facilement la sueur», conseille la dermatologue.
3. SOIGNEZ VOTRE HYGIÈNE
Nettoyez quotidiennement votre peau avec un savon au pH neutre. Douchez-vous le matin si vous transpirez la nuit et séchez vous bien car les bactéries prolifèrent avec l’humidité. Épilez-vous les aisselles pour éviter les mauvaises odeurs retenues par les poils. Changez de chaussettes une à deux fois par jour et préférez des chaussures en cuir et ouvertes en été, plutôt que des baskets ou des matières plastiques.
4. TESTEZ DES SOLUTIONS NATURELLES
Pierre d’alun, gel d’aloe vera, bicarbonate de soude, huiles essentielles (palmarosa, sauge sclarée, ciste, géranium rosat…) permettent de limiter la transpiration des aisselles et ses odeurs. N’hésitez pas à vous faire conseiller en magasin bio ou pharmacie pour connaitre les précautions d’emploi.
5. ESSAYEZ L’ANTIPERSPIRANT
En plus d’un bon déodorant, adoptez l’anti-perspirant: celui-ci va réguler le flux de sueur grâce à un actif de type sels d’aluminium. Finie la sensation désagréable d’humidité sous les aisselles! « Les concentrations utilisées sont encadrées par l’Union européenne. Ce n’est ni dangereux, ni cancérigène, rassure la Dr Laurence Netter. Le seul problème des sels d’aluminium, c’est qu’ils peuvent être irritants à long terme. Les produits en crème sont souvent mieux tolérés.»
6. DÉTENDEZ-VOUS!
Le stress est également un facteur déclenchant: apprendre à gérer son anxiété évite ainsi la surchauffe corporelle. Méditation, yoga, relaxation, marche, sophrologie: trouvez la méthode qui vous fait du bien !
Et si ça ne passe pas ?
Vos t-shirts continuent d’arborer des auréoles importantes ? Vous sentez même les gouttes de transpiration tomber ? Dans ce cas, consultez un dermatologue. En fonction de la quantité de sueur produite et de la localisation, différents traitements vous seront proposés.
1. LE BOTOX
La toxine botulique ou botox agit en bloquant la libération d’acétylcholine (le médiateur qui déclenche la production de sueur). Autrement dit, elle paralyse le message qui permet aux glandes de libérer la sueur. Après repérage des zones à traiter, le dermatologue pratique des petites injections superficielles 48 h plus tard, les aisselles sont complètement sèches, quelle que soit la température. « La séance n’est pas douloureuse, tout au plus désagréable », assure le médecin.
Avantages : Aucun effet secondaire et une efficacité proche de 100 %.
Inconvénients : Cela coûte cher (environ 500 € la séance) et l’effet s’estompe au bout de 6 à 9 mois. « En général, 2 séances par an sont nécessaires. »
À savoir : Cuir chevelu, front, mains et pieds peuvent également être traités, mais cela s’avère plus douloureux et plus risqué pour ces deux dernières localisations; une perte de force musculaire est en effet parfois observée au niveau des mains.
2. LE SYSTÈME MIRADRY
Technologie médicale non invasive validée par la Food and Drug Administration américaine, le système Miradry permet de délivrer des micro-ondes éliminant 90% des glandes sudorales. Très sensibles à la chaleur, celles-ci se voient détruites à 60°C, sans possibilité de se renouveler. La séance est réalisée sous anesthésie locale et dure environ 1 heure. «Rougeurs et gonflements peuvent survenir à la suite du traitement, mais sont apaisés facilement par des patchs de glace: on peut aller travailler le lendemain sans problème», précise la Dr Laurence Netter.
Avantages : Le résultat est définitif et permet de réduire 80% des émissions de sueur et odeurs. La machine épile également la moitié des poils en même temps.
Inconvénients : Le coût (2000 € la séance). mais il n’y a pas besoin de la renouveler, sauf en cas de forte hyperhidrose.
À savoir : Tous les dermatologues ne sont pas équipés: renseignez-vous avant de prendre rendez-vous.
3. L’IONOPHORÈSE
Cette technique utilise un courant électrique pour diminuer la taille des canaux excréteurs de la sueur et permet de lutter contre la transpiration excessive des paumes de mains et des pieds (pour lesquels le botox est douloureux). En pratique, elle consiste à plonger les extrémités dans un bac d’eau relié à un générateur: un courant électrique de faible intensité passe et bloque le fonctionnement des glandes sudoripares. 10 séances de 20 minutes pour chaque zone, étalées sur 8 à 10 jours, sont nécessaires.
Avantages : Pratiquée depuis plus de 30 ans chez les dermatologues et les kinésithérapeutes, la technique a fait ses preuves et réduit la transpiration d’environ 70%.
Inconvénients : Une séance d’entretien par semaine est recommandée pour ne pas voir le problème se réinstaller.
À savoir : Il est possible d’effectuer ce traitement à la maison (l’achat de la machine revient à 350 €, contre 30 à 40 € la séance en cabinet).
Oxybutynine : prudence !
Cette molécule anticholinergique – sous forme de comprimés – a une action sur le système nerveux parasympathique impliqué dans la régulation de la transpiration, et fonctionne bien sur l’hyperhidrose, à court et à moyen terme. Malheureusement, elle s’accompagne d’effets indésirables fréquents : sécheresse de la bouche, constipation, troubles visuels…« Ceux-ci empêchent de prescrire le médicament à des doses suffisantes pour remédier au problème de transpiration excessive », regrette la Dr Laurence Netter. Ou alors seulement de manière occasionnelle.